L’habituation sensorielle est un phénomène qui conduit le cortex d’un enfant (ou d’un adulte) à réagir de moins en moins intensément à un stimulus lorsqu’il est répété. C’est ce processus qui explique pourquoi les personnes vivant à proximité d’une voie ferrée finissent par ne plus être dérangées par le passage des trains. Bien que je n’aurais pas immédiatement envisagé un lien logique entre l’habituation et les capacités d’attention, une thèse m’a éclairé sur ce point : pour s’habituer à un stimulus répétitif, le cerveau doit identifier un schéma récurrent dans son environnement (comme le fait que des trains passent régulièrement à proximité). La reconnaissance de ces schémas récurrents, de structures globales dans le temps et l’espace permettant de déduire un événement à partir d’un autre, est non seulement une expression fondamentale de l’intelligence, mais également un moyen d’économiser ses ressources attentionnelles en les réservant pour des informations nouvelles et potentiellement importantes. Une fois qu’un stimulus répétitif est identifié, il cesse d’apporter de nouvelles informations et ne nécessite plus une attention soutenue, ce qui libère de l’attention pour d’autres tâches.
Un enfant qui continue à réagir de la même manière à des stimuli identiques ne démontre pas cette efficacité cognitive. Ce principe se retrouve dans les techniques de lecture rapide, qui mettent l’accent sur les parties d’un texte contenant les éléments les plus pertinents pour comprendre le sens global, tout en survolant les mots qui n’apportent que peu d’information. Les lecteurs rapides dirigent leur attention vers ce qui ne peut pas être prédit, dans le but d’économiser leurs ressources cognitives. C’est un principe général d’efficacité : un athlète de haut niveau peut anticiper les actions de son adversaire en se concentrant sur quelques indices spécifiques dans son mouvement, alors qu’un débutant essaie de tout surveiller et se retrouve submergé par la quantité d’informations à traiter.
En sport, on parle de « lire le jeu » de l’adversaire, car cela implique une compréhension du sens émergeant à partir de petits éléments organisés, de la même manière qu’on reconnaît un mot en associant des lettres. En classe, il est crucial de savoir repérer des schémas, même dans des contextes qui semblent éloignés de la lecture. Personnellement, j’ai utilisé cette approche de manière intensive au lycée et en classes préparatoires, en identifiant les schémas récurrents dans les exercices de physique-chimie, par exemple. Au lieu de faire un grand nombre d’exercices dans leur intégralité, j’ai privilégié une méthode consistant à reconnaître rapidement le mode de résolution parmi les quelques schémas qui revenaient le plus souvent.
Cette approche présente des avantages évidents, mais elle a aussi ses limites. Elle ne développe pas nécessairement la capacité à résoudre des problèmes de manière créative, ni ne facilite le transfert des compétences acquises dans un domaine vers un autre. Les enseignants le reconnaissent souvent et proposent des exercices différents pour identifier les élèves ayant cette capacité de création. Néanmoins, cette méthode d’apprentissage basée sur la reconnaissance de schémas récurrents reste efficace, à condition d’être associée à une pratique diversifiée pour développer une compréhension approfondie et stimuler la créativité. Après tout, tous les grands maîtres ont commencé par apprendre les bases de leur domaine. Et c’est exactement la même chose dans le mentalisme. En effet, le mentaliste va lire directement la pensée de la personne qu’il a en face de lui en étudiant ses micro-expressions, son comportement; tout le non verbal qu’une personne non initiée ne peut pas voir.